ÉVOLUTION

Il est rentré après une semaine de vacances avec les enfants.
On dirait que les tensions ont disparu, qu'elles ne reviendront plus jamais.
De mon côté, j'ai l'impression de sortir du coma.
Toutes les pensées et ruminations qui tournaient dans ma tête inlassablement sans que je veuille se sont littéralement volatilisées.
On dirait que je flotte et qu'à nouveau je suis dans cet entre-deux qui fait que je ne suis vivante ni morte.
Je ne suis rien.
Ni bien ni mal, ni heureuse, ni malheureuse, ni dans l'espoir, ni dans le désespoir.
La paix.
Je suppose que c'est ça.
Les choses, les gens, les événements vont et viennent sans que ça influe sur mon état.
Je pourrais rester là, comme ça, sans rien faire, sans envie, sans lutter, pendant... je ne peux même pas l'imaginer.
Je n'essaye même pas.
Tout m'indiffère.
C'est là, ce n'est pas là, quelle importance.
Je regarde les autres s'agiter, s'énerver.
Ca me rappelle des choses.

Je ne sais plus pourquoi, j'ai repris le livre d'Eric Baret.
Je l'ai rouvert à la page où je l'avais laissé voilà un bon mois, peut-être plus ?!?
Stupeur.
À présent, je me rappelle pourquoi je me suis arrêtée là.
Il fallait que ça décante.
Je relis :

Une femme ne peut donner le bonheur à un homme, pas plus qu'un homme ne peut le donner à une femme. Il peut s'il a l'écoute nécessaire, permettre à l'autre de s'exprimer afin que sa maturité puisse se concrétiser. Dans les relations humaines, il n'y a rien à demander.
Vous ne pouvez ni demander ni recevoir. C'est une forme de compensation. La véritable relation part du plein. Vous sentez votre autonomie. Vous pressentez le silence et vous vivez ce pressentiment du silence avec l'autre. À ce moment-là, le problème de couple ne se présente plus. Cependant, si vous épousez quelqu'un en pensant que cela comblera vos besoins, tôt ou tard vous allez vous plaindre. C'est une mauvaise orientation. Un bon thérapeute vous amènera à réaliser qu'il n'y a rien à demander dans la vie. Tout vous est donné. Mais on refuse constamment.
Votre demande crée le refus. Quand on demande, on ne peut pas recevoir. Les relations compulsives entre les hommes et les femmes sont des activités comme les autres, mais, éventuellement, cela ne nous concerne plus tellement.

Eric Baret, Les crocodiles ne pensent pas, Editions Almora, p.65

Après trois semaines de bronchite, d'asthme, de solitude, de silence, ça me saute aux yeux, partout.
On s'est même remis à rire ensemble.
Pourtant, rien a changé.
Mais ce rien, c'est tout, justement.
Quelque chose s'est produit.
Le train s'est remis en route.
Peu importe dans quelle direction il va.
Il va.
C'est tout.

Comments

[ucem]

Clairement, ce n'est pas tant les situations que le regard que l'on porte sur elles qui fait que ça va dans un sens ou dans un autre.
Etonnant oui.

[shandora]

dès qu'on est bien dans notre tête, le reste suit...étonnant, non?