PARDON CHERS ANIMAUX
Je me souviens encore de ce matin là.
L'immense escalator de cette station de métro descendait à pic.
Tandis que nous nous enfoncions sous la surface, je me suis vue, ainsi que toutes les personnes qui se trouvaient là, pareille à un paquet de viande acheminé sur un tapis roulant songeant que nous avions de la chance de ne pas être la nourriture d'une autre espèce. J'ai toujours été horrifiée par les boucheries, le fait de manger de la viande mais il m'a fallu de très nombreuses années pour oser passer de l'autre côté de la barrière.
C'est une discussion houleuse sur un forum à propos du gavage qui m'a donné l'impulsion. J'étais révoltée, en larmes devant mon clavier, répondant de mon mieux aux personnes qui ironisaient, m'accusant de sensiblerie, cherchant à me provoquer en évoquant le cri de la carotte. Tout à coup, c'était une évidence. Plus question de manger le moindre animal.
Ce jour là, j'ai pris conscience de la raison pour laquelle j'éprouvais tant de répugnance et de la compassion que j'essayais de réprimer.
Aujourd'hui, je pense encore à tout ce que j'ai mangé en évitant soigneusement de réfléchir et de ressentir quoi que ce soit.
Je voudrais effacer tout ça mais ce n'est pas possible.
Outre le fait d'être végétarienne, je peux au moins faire ça :