LETTRE À UNE AMIE QUI VA MAL
Il n'y a rien à arranger sauf changer le regard qu'on pose sur ce monde d'illusion.
Je me suis rendu compte que j'étais fatiguée de tenir un mur prêt à s'écrouler.
Ca fait X années que j'essaye de l'empêcher de tomber et je suis fatiguée.
Je commence à lâcher, il commence à tomber.
Bientôt, je n'aurai plus rien à tenir et je ne saurai pas quoi faire ni
comment vivre parce que je n'ai jamais rien fait d'autre, jamais vécu
autrement qu'en m'épuisant à essayer d'empêcher la survenue d'évènements
qui arriveront de toute manière.
Alors, le mur s'effrite, je le lâche peu à peu.
Il ne va pas tarder à tomber.
Ca me fait peur parce que cette liberté tellement immense, tellement
rêvée, je suis à deux doigts de l'atteindre. Et tout à coup, je ne vais
plus pouvoir accuser la terre entière, le sort, la malchance de mon
malheur. Je serai totalement responsable de ce qui m'arrive et de
comment je vivrai.
Responsable.
J'espère qu'au lieu de considérer cet état comme terrifiant, je le
verrai comme le bonheur d'être l'outil de la Vie si aimante, si
joyeuse, si belle, si douce.
Et quand j'aurai lâché le mur, (quelque chose de plus fort que moi
m'oblige à le lâcher), je me reposerai. Je finirai même par m'apercevoir
que derrière moi, il y a un champ magnifique, et plein de gens aimants qui
attendaient seulement que je les vois pour me rencontrer.
Et je rigolerai bien en pensant à l'absurdité de ma vie d'avant.
Je jetterai un regard aimant sur celle que j'étais.
J'en suis là.
Je te le dis parce que même si j'ai peur, j'aimerais pouvoir te dire, regarde, je le fais, tu vas y arriver toi aussi.
Je n'ai pas osé envoyer ce mail à mon amie par crainte de lui dire des choses qu'elle n'est pas encore prête à entendre. Je lui écrirai des mots plus anodins, l'assurant de mon amitié et de mon amour pour elle. C'est difficile d'assister à la souffrance des autres, difficile de savoir si on peut se laisser aller à souffrir aussi ou s'il vaut mieux rester sur la première marche du bonheur en tendant la main : à ceux qui souffrent de faire le pas.
Je viens de regarder les six parties de l'interview de l'auteur du livre Punk science, sur le blog de Shandora tout en pensant aux dernières leçons d'Un Cours En Miracles, à la puissance de nos pensées, à leurs conséquences. Je choisis de ne pas céder à la tristesse et d'envoyer à mon amie mes pensées les plus aimantes.